Ecrans Radio-Luminescents à Mémoire

 
 
SOMMAIRE
1- Historique
2- Principe
3- Structure
4- Luminescence photostimulable
5- Procédure de lecture
6- Lecture laser
7- Propriétés intrinsèques
8-Pré-traitement de l’image
  FUJI

  AGFA

9- Numérisation du signal
10- Traitement de l'image
11- Visualisation de l'image
12- Artefacts
13- Conclusion
14- Références
15- Contrôle de qualité des ERLM

Offre industrielle (RSNA 2003)

Offre industrielle (RSNA 2004)


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

1- Historique

 Ces "nouveaux récepteurs" ont en fait fait l'objet d'une première publication en 1926. (Luminescence photostimulée par infra-rouges)
 En 1954, l'ancètre des systèmes actuels fait l'objet d'un brevet. (restitution par rayonnement I.R.)
 Dans les années 1970, de nombreux brevets sont déposés (Kodak....)
 C'est la société FUJI qui en dépose le plus grand nombre (une centaine) jusqu'en 1981, où est présenté la premiere version commerciale, au congrès international de radiologie de Bruxelles.


 
 
 
 
 
 
 

2- Principe

 Les écrans radioluminescents à mémoire (ERLM) constituent une "alternative numérique" du couple écrans/film traditionnel, permettant l'acquisition et le traitement de l'image.
 On les appelle également "écrans à mémoire", "écrans à luminescence photostimulable", ou "écrans au phosphore" (par abus de langage)
 Ils sont contenus dans des cassettes spécifiques qui permettent leur utilisation avec tous les systèmes de radiologie conventionnelle.
 L'énergie des photons X est stockée, puis restituée par luminescence photostimulée lors d'un balayage laser point par point.

 La numérisation du signal permet ensuite:
        un post traitement interactif
        la visualisation sur une console ou film laser
        l'incorporation dans un réseau d'imagerie.


 

3- Structure

 L'écran est flexible,et présente une épaisseur de 1mm.
 Il est composé de quatre couches:

  * Une couche protectrice en polyéthylène

  * Une couche dense(200 à 300 microns) de cristaux inorganiques (diamètre moyen de 5 à 10 microns).Cette couche est incluse dans un polymère organique antistatique pour une répartition homogène.Elle est également colorée afin d'éviter la diffusion lumineuse.

  * Une couche support en polyéthylène,noircie au carbone pour prévenir la réflexion du laser, et empècher sa rétrodiffusion.

  * Une couche dorsale protectrice.

Cet écran se trouve dans une cassette dont la face d'entrée est en fibre de carbone  (faiblement absorbant)
 


 
 
 

4- Luminescence photostimulable
 

 La luminescence est un phénomène commun à certains sels minéraux cristallins appelés luminophores.
 Cette capacité est liée à la présence d'atomes activateurs (impuretés présentes dans le réseau matriciel cristallin) tels que les métaux lourds  (Manganèse, Cuivre, Plomb, certaines terres rares...)
 Après excitation, l'énergie des rayons X absorbée est stockée, et la stimulation par un balayage infra-rouge provoque sa restitution sous forme d'une émission lumineuse.
 

 Le cristal est un fluoro-halogénure de baryum, dopé à l'Europium  (BaFX:Eu2+).     Il est divalent.

 L'excitation par les rayons X provoque la perte d'électrons chez certains ions d'europium, selon une loi de proportionnalité avec le flux de rayons X.

    Eu 2+ -------------  Eu 3+    +    e-

 Les électrons accèdent à un niveau d'énergie supérieur, puis sont piégés par les halogénures monovalents. (X=Cl, Br ou I) sous un état demi-stable constituant l'image latente.

 Lors de la lecture, une stimulation secondaire d'énergie suffisante libère les électrons. Le maximum d'efficacité se présente pour une stimulation à 600nm. Le laser Helium-Néon présente un rendement optimal (l= 633 nm)

 Les électrons retournent vers les ions Eu3+ .
 Le retour à l'état fondamental (Eu 2+) s'accompagne de l'émission d'un quantum d'énergie sous forme de luminescence recueillie, grâce à un système optique, au niveau d'un tube photomultiplicateur.

 Cette luminescence est émise à 390 nm, dans un délai de 7msec.

 L'intensité de l'émission luminescente en un point donné est proportionnelle au nombre de photons X absorbés en ce point.
 


 
 
 

5- Procédure de lecture
 

 Après exposition,la cassette est introduite dans l'unité de lecture.
 Une station de chargement / déchargement retire l'écran exposé et le remplace par un écran effacé. La cassette est de nouveau disponible en moins de 20 sec.

 L'écran est stocké dans un magasin, jusqu'à son transfert vers l'unité de lecture laser. Celle-ci dure environ une minute.

 Quand toute l'opération est accomplie, les informations résiduelles sont effacées par un flash de haute intensité lumineuse.(lampe à sodium)

 Les écrans sont réutilisables, ils sont stockés en attente du chargement automatique des cassettes.
 La cadence de lecture est de 50 à 70 écrans par heure, selon la taille des écrans et le constructeur.
 
 


 

6- Lecture laser
 

 L'image latente est destinée à être numérisée.
 Un faisceau laser finement localisé (He-Ne, 633nm, lumière rouge) est déflechi par un miroir tournant polyédrique ou plan oscillant, et balaye point par point les lignes de l'écran. Celui-ci est mobilisé par un moteur de haute précision qui le transporte sous le balayage transversal du laser.

 La luminescence dont l'intensité est proportionnelle au nombre de rayons X absorbés, est collectée par un miroir et un faisceau de fibres optiques positionnées en regard de la ligne de l'écran balayée par le laser.

 Un filtre sépare la lumière laser rouge (stimulation) de la lumière bleu-pourpre (émission) afin d'éviter toute interférence.

 Le signal lumineux est converti en signal électrique, puis amplifié (tube photomultiplicateur) avant d'être échantilloné et numérisé par un convertisseur analogique-numérique.

                              Principe de fonctionnement de l'ERLM.(D'après (3)).
 


 
 

7- Propriétés intrinsèques
 

Absorption des rayons X


 

 * Spectre de stimulation   laser He-Ne , 633nm

 * Spectre de lumière émise  pic à 390nm  (bleu-pourpre)

    Dans la plage d'efficacité maximale (300 à 500nm) du tube photomultiplicateur.

 Les deux spectres ci-dessus sont suffisamment différents pour éviter toute interférence entre le rayonnement de stimulation I.R. et le rayonnement émis lors du retour à l'équilibre du cristal.


      Spectre d'émission et de stimulation du fluorohalide de baryum.(D'après (2)).
 

 * Rémanence de la luminescence photostimulée, elle est de 0,8 micro-seconde (BaFX:Eu2+,avec X=Br).Il n'y a pas de parasitage des pixels adjacents lors du balayage laser.

 * Conservation de l'image latente: 24h après l'exposition au rayonnement X, le pouvoir de réémission a diminué de 35%.
 L'atténuation de l'image latente dépend de la température de stockage, elle est compensée lors de la lecture par un règlage de la sensibilité du tube photomultiplicateur, et du gain de l'amplificateur.
 En pratique, le temps écoulé entre l'exposition et la lecture ne constitue pas une contrainte.

 * Latitude de pose:  elle exprime la réponse du détecteur soumis à une exposition d'intensité croissante de rayons X.
 La linéarité est parfaite pour des doses de 5 microRoentgens à 50 milliRoentgens, soit une dynamique de 40dB, ou 104 (différence entre la plus faible et la plus forte énergie détectée), nettement supérieure à celle du film argentique photosensible (102) ou de l'amplificateur de luminance (103) La luminescence est de ce fait proportionnelle au flux de rayons X capté, que ce soit dans les tissus mous, ou dans les tissus osseux.

Courbes de réponse d'un système écran/film et d'un ERLM.(D'après (2)).

 La réponse du couple écran/film est limitée à 1.102 (en raison de sa forme sigmoïde elle n'offre une linéarité que sur une faible étendue des expositions, entre 1 mGy et 0,1 mGy).La réponse de l'ERLM étant linéaire sur une grande étendue d'exposition (entre 0,1 mGy et 10 mGy) les risques de sur ou sous-exposition sont limités.
 


 
 
 
 
 

8-Pré-traitement de l’image
 
 

Société FUJI

 La grande latitude de pose impose un calibrage du système de lecture.

 Celui-ci s'effectue par un pré-balayage, à l'aide d'un faisceau laser d'intensité réduite (1,8 mm de diamètre) qui explore un élément sur quatre de l'écran.

 L'analyse de la lumière émise (segmentation) donne un histogramme de la répartition de l'énergie stockée sur l'ensemble de l'écran.(un histogramme est une courbe représentative des différents constituants d'un objet à définir selon des critères choisis)

 L'opérateur doit indiquer le type d'examen,ou l'organe examiné. Ceci permet d'ajuster la sensibilité et le latitude du système, en adaptant la tension d'amplification du tube photomultiplicateur.

 Les différentes expositions de chaque pixel sont recensées, puis comparées à l'histogramme standard correpondant à l'organe ou examen choisi.

On peut ainsi localiser la zone utile par la définition de S1 et S2.
La comparaison à l'histogramme standard permet de déterminer deux valeurs fondamentales pour optimiser la prise des clichés: "L" et "S".

            K                            K = CONSTANTE
S = ---------                                            mA x kV2 x s
            D                            D = Dose = ------------------
                                                                        d2
S = valeur d'amplification du signal lu
S = 200 correspond à une dose sur l'ERLM de 12mGy ou 0.258 mC / Kg

L est déterminé entre S1 et S2 sur l'histogramme

                S1
L = log --------            Si L = 2 , S2 est 100 fois > à S1       (log 100 = 2)
                S2
 

 La valeur de "L" est dépendante du kilovoltage.
  Un kilovoltage bas entrainera un manque de pénétration des structures
   L sera supérieur à 2,7
  Un haut kilovoltage uniformisera la pénétration,
   L sera inférieur à 1,8

 La valeur de "S" est liée aux mAs.
  Une surexposition importante "lisse"les petites structures (pouvant aller jusqu'à un "flash" dans les opacités.), la valeur de S sera basse.
  Une sous-exposition importante donnera plus de grain, la valeur de S sera haute.

  A titre indicatif:    +/- 5 kV  entraine une variation du "L" de  +/- 0,1
                               50% de mAs en moins double la valeur de "S".

      "L" et "S" constituent ainsi les critères de travail indiquant les constantes adéquates.

 L (kV) compris entre 1,8 et 2,2
 S (mAs) compris entre 200 et 400

 Des valeurs inférieures indiquent des constantes (kV et mAs) trop importantes.
 Des valeurs hors limite indiquent des constantes trop faibles.


Exemple d'un cliché réalisé avec un nombre grandement insuffisant de mAs (bruit quantique très important)
         La valeur de "L" est de 2,4 ; "S" = 1005.
          La densité est bonne grâce à l'ajustement automatique du contraste (voir ci-dessous)
 
 

 Dans les systèmes plus récents, le calibrage s'effectue en même temps que la lecture, à partir d'une image compressée, obtenue par moyennage des pixels de la matrice de données brutes.
 Un procédé d'autocalibrage assure une qualité d'image optimale dans une gamme d'exposition variant de 40 micro-Roentgens à 1,5 milli-Roentgens, éliminant ainsi les risques de sur et de sous-exposition.


           Ajustement automatique du contraste

Une fois établi l'histogramme de l'image segmentée, le système applique une courbe de gradation prédéfinie, il étend la zone d'intérêt à toute l'étendue de l'echelle de gris.(D'après(2)).
 

 En pratique, cette calibration garantit l'utilisation intégrale des 1024 niveaux de gris de l'image, quelque soit le contraste, et, quelque soit la dose, chaque image présente toujours les mêmes niveaux de gris, permettant le suivi évolutif d'une pathologie par exemple.


 
 
 
 

Société AGFA

 - Détection de la zone d’intéret

 Correspond à une détection des bords.
 8 critères sont pris en compte (ex: angles de la zone d’intéret à 90°, noircissement à l’intérieur de la zone d’intéret supérieur au noircissement  situé à l’extérieur etc...)
 La satisfaction d’un maximum de critères permet de reconnaître deux zones d’intéret au maximum sur l’écran.
 Des erreurs apparaissent dans environ 5% des cas, empéchant le traitement automatique du contraste (obligation de réaliser un post-traitement à la console)

 ex:  un localisateur rond ne satisfait pas le critère « angles à 90° »,
        lors des incidences axiales de rotules la zone d’intéret est souvent moins dense    que l’entourage,
        sur une radiographie thoracique le système peut interpréter chaque champ pulmonaire comme une zone d’intéret distincte
                (séparées par l’hypodensité du médiastin)
  le rayonnement diffusé autour du localisateur peut tromper le système qui peut le prendre en compte dans l’établissement de l’histogramme.

 - Etablissement de l’histogramme

 l’histogramme prend en compte la répartition des énergies  dans la zone d’intéret.


 La largeur de l’histogramme détermine la largeur de la fenêtre (WW)

 Si la largeur de la fenêtre diminue, le contraste est augmenté
 Si la largeur de la fenêtre augmente, le contraste est diminué

 Le contraste est donc déterminé par le contenu de l’écran:

  ex:  ASP,  plusieurs densités différentes
                   l’histogramme est large
                   le contraste est bas
                      Collimation sur le rachis, moins de densités différentes
                                                            l’histogramme est moins large
                                                            augmentation du contraste dans la région d’intéret.

Lors de la radiographie d’un A.S.P., l’histogramme de répartition des doses sur l’ERLM est large (beaucoup de valeurs de densités différentes)
Le contraste (DDO) est faible entre le milieu de l’histogramme et une zone d’intérêt correspondant à une structure rachidienne.
Lorsque l’on effectue une collimation autour du rachis, il y a moins de densités différentes et l’histogramme est plus étroit.
Le contraste entre la DO correspondant au milieu de l’histogramme et la DO correspondant à la zone d’intérêt rachidienne, est plus important.
(remarque: le résultat est identique dans le cas d'un cliché non filtré et d'un cliché filtré. Epaule par exemple)
 

Le niveau de la fenêtre est déterminé par le milieu de l’histogramme.

La valeur permettant d’apprécier le bon choix des paramètres d’exposition (mAs) est le log médian (lgm)   Il doit être égal à 2.

- Si le lgm est supérieur à 2   ex: lgm = 2,3  alors il y a 2 fois trop de mAs (log 2 = 0,3)
   Il y a surexposition :
- le patient est exposé inutilement
- L’histogramme est coupé (sort de la partie linéaire de la courbe) car il est décalé vers la  droite,
   les régions noires sont représentées en isodensité, l’information est irrécupérable.

Ces zones d’isodensité peuvent entrainer des erreurs d’interprétation (simulation de lyse osseuse)
 
- Si le lgm est inférieur à 2  ex: lgm = 1,7  corerspond à 1/2 de la dose idéale (log 2 = 0,3)
   Il y a sous-exposition
- L’image sera bruitée (moins de signal)

Cliché de fantôme réalisé avec 16 mAs : lgm = 2,07

 Cliché réalisé avec 4 mAs : lgm = 1,61

Une dose de 20 micro-grays donne un niveau de gris de 1800.
 
 

Rayonnement diffusé autour du localisateur:

 Si le système détecte mal la region d’intéret et prend en compte le diffusé dans l’histogramme, il y a baisse du contraste (histogramme plus large) et la densité dans la zone d’intéret est trop élevée (niveau décalé vers la gauche)

 


 
 

9- Numérisation du signal
 

 * Echantillonage temporel

 Il dépend de la vitesse de balayage,du diamètre du faisceau laser, de la fréquence d'échantillonage.
 La fréquence d'échantillonnage étant le nombre de pixels ramené à la taille physique de l'ERLM.

 L'échantillonnage temporel détermine la taille du pixel et la résolution spatiale.
 Il est actuellement de 10 pixels / mm quelque soit le format.

 * Quantification du signal

 Elle concerne la précision avec laquelle la dynamique en amplitude est traduite en niveaux de gris.
 

La taille du faisceau laser (100 à 200 microns) et la fréquence d'échantillonage varient selon les dimensions de l'écran.

L'échantillonnage en densité s'effectue en général sur 10 bits, (soit 1024 niveaux de gris.) ou  12 bits (4096 niveaux de gris).

La résolution spatiale est de 2,5 à 5 pdl/mm, (pixel de 0,2 mm2.) bien inférieure à celle du couple écran/film.(5 à 15 pdl/mm).Les facteurs limitants sont:
 -  la focalisation du faisceau laser
 - la diffusion de la lumière (moins important) proportionnelle à l'épaisseur de la couche radioluminescente (270 microns pour les écrans haute résolution, 370 microns pour les écrans standards)

La taille des centres luminescents détermine la résolution spatiale intrinsèque des ERLM. Il n'y a pas de limitation en pratique, on a pu obtenir des pixels de 25 microns.

 Les écrans du marché ont une taille de 36x43cm, 35x35cm, 24x30, 18x24.
 Les matrices ont une taille de  1760x2140 (35x43)  = écrans de résolution standard
                                                 2048x2500 (35x35)
                                                 1770x2370 (18x24) = écrans haute résolution
 


 
 
 
 
 
 

10- Traitement de l'image
 

 Après la fin de la lecture,les données brutes sont provisoirement stockées pour être traitées par un processeur d'images.
 Dans les systèmes de base, les paramètres de traitement sont prédéterminés en fonction de la région anatomique, ou du type d'examen (thorax, mammographie...)
 Les systèmes plus récents offrent des possibilités de personnalisation du post-traitement.

   10-1-Réhaussement des bords

    10-1-1-Filtration des fréquences

 Les détails dans l'image sont constitués de fines structures linéaires, de contours, et de bords, constituant les hautes fréquences spatiales du spectre de l'image.
 La filtration des fréquences peut supprimer les basses fréquences (filtre passe-haut)

    10-1-2-Filtrage spatial

 Le filtrage spatial consiste en la modification de la répartition des fréquences spatiales. Le principe choisi est celui du masque flou, qui rend plus visible les bords et les lignes, et améliore le contraste des détails fins.

           Obtention d'une image floue (B)

 Egalement appelée "masque flou", constituée des basses fréquences de l'image originale A.
 Pour obtenir B, chaque valeur de quantification de pixel est remplacée par la différence entre celle-ci et la moyenne des pixels voisins (et de lui même)
 
 

 La taille du masque B dépend de la surface (grain,noyau du masque) choisie pour établir la moyenne arithmétique, c'est un carré dont la dimension du côté est liée au nombre de pixels (N)
 Dans le commerce,on trouve des masques larges (25mm de côté), moyens (5mm) et petits (1,4mm).
 Le choix du masque détermine le niveau des fréquences à rehausser.

            Soustraction

 On soustrait l'image B de l'image A,pour obtenir une image de contour contenant surtout les hautes fréquences spatiales.
 On applique à cette image de contour un facteur de rehaussement variable.

            Obtention de l'image finale

 L'image de contour (rehaussée) est ajoutée à l'image originale A.On obtient ainsi une image rehaussée A*=A+f(A-B)
 f détermine l'importance de la filtration spatiale
 B détermine le niveau des fréquences changées dans l'image A

                    Principe du masque flou; effets sur la FTM.(D'après (2)).

Cette figure exprime les relations qui existent entre la résolution en contraste et les fréquences spatiales exprimées en pdl/mm.
La FTM de l'image initiale montre une chute de la résolution en contraste pour les fréquences spatiales élevées.
Le masque flou (B) est constitué des basses fréquences de A.
La FTM de B est liée à la dimension du noyau du masque.
L'image de contour obtenue par A-B contient surtout des fréquences élevées.
Si on applique un facteur de réhaussement f,on obtient l'image à contours renforcés, présentant une FTM plus élevée que l'image initiale dans les fréquences spatiales élevées.
f détermine l'importance de la filtration spatiale, et le choix de B détermine la bande des fréquences à rehausser.
 
 

 Comme les résultats peuvent être très différents suivant le choix des paramètres du masque flou, la question se pose du type de traitement à appliquer pour une information diagnostique spécifique.

 Les systèmes actuellement commercialisés assurent le traitement automatique de deux images obtenues à l'aide de l'application d'un masque moyen (centre de réhaussement sur une fréquence d'à peu près 0,35pdl/mm (FUJI)):
  1ère   image:  f  faible  (imagerie conventionnelle)
  2ème image:  f élevé (la filtration étant supérieure, les structures médiastinales sont plus accessibles, mais les plages pulmonaires sont modifiées, pouvant amener à des erreurs)
 La société Kodak offre la possibilité d'appliquer des paramètres variables en fonction des contours.

 L'effet du filtrage ne se limite pas au simple réhaussement des structures de fréquence spatiale élevée, il tend à suprimer les faibles fréquences spatiales, et à augmenter le bruit.
 La zône de transition (au sein de laquelle la suppression et le réhaussement se produisent) se déplace vers les hautes fréquences si le masque est de petite dimension.
 Une structure peut donc se trouver réhaussée ou atténuée, voire supprimée, en fonction de sa composition spectrale. Ceci concerne surtout les lésions à contours mal définis. Les effets sur le contraste et l'augmentation du bruit peuvent diminuer la visualisation de la lésion, si celle ci gagne moins de contraste que les stuctures voisines, ou si le bruit devient trop important.
 Certains auteurs émettent des préférences pour un masque large (25mm) avec un facteur f modéré.
 
 
 

   10-2-Lissage

 Le lissage est utile pour rendre le bruit moins visible, on utilise un filtre passe-bas (le bruit étant constitué de hautes fréquences.)
 
 
 

   10-3-Traitement du contraste, ou de la gradation de l'image

 Le couple film/écran n'offre le choix qu'entre deux grands types de réponse de la densité à l'exposition, en fonction des caractères de leur courbe sensitométrique.
 Un film de sensibilité normale aura une résolution modérée, alors qu'un film de faible sensibilité présentera une haute résolution.
 Au contraire, l'image numérique permet d'adapter à volonté la densité optique. (automatiquement, ou lors d'un post-traitement sur console.)
 Le processeur d'image assure le filtrage spatial, ainsi que le traitement du contraste.(convertit les signaux numériques en valeurs de densité optique pour la reprographie sur film, en simulant une courbe de noircissement du film.)

 Quatre paramètres régissent la courbe de gradation désirée:

  1)Le type de contraste

 Il est choisi parmi 15 courbes prédéfinies (en fonction du type d'examen et de l'organe examiné)

  - Courbes sigmoïdes:

 Elles permettent la visualisation de zônes de densité importante, avec un contraste maximal (poumon central par exemple) et simultanément l'observation des zônes secondaires avec un contraste inférieur (paroi thoracique, air...)
 Selon l'organe, le type de la courbe est adapté. En mammographie par exemple, le contraste du pied de la courbe est augmenté (pour augmenter la visibilité des micro-calcifications) alors que le contraste de l'épaule de la courbe est diminué (bonne visibilité des zones sous cutanées.)

  - Courbes de gradation linéaires:

 Elles assurent une distribution homogène du contraste pour les régions avec des variations de densité inférieures.
 

  2)Position du centre de rotation de la courbe

  3)Degré de croissance de la courbe

 Autour du centre choisi,on fait varier dans les mêmes proportions le gamma du pied, et le gamma de l'épaule.

 Les deux derniers paramètres modifient la relation entre le contraste et la gamme de noircissement .On peut les assimiler à la "largeur de fenêtre" utilisée en TDM.
 L'attribution d'une valeur négative au degré de croissance provoque l'inversion de l'échelle des gris.

  4)Déplacement du contraste

 La translation latérale le long de l'axe des abscisses modifie la densité optique moyenne de l'image.
 Ceci pourrait correspondre au déplacement de la position de la fenêtre en TDM.


 
 
 
 
 

11- Visualisation de l'image
 
 

 - Système de base, ou système avec console de post-traitement:

 On peut obtenir deux versions différentes de chaque image (aspect global d'une radiographie conventionnelle, plus une deuxième version à "contours renforcés", qui permet une visualisation supérieure des stuctures et des contours, en fonction du filtrage appliqué.)

 - Reprographe laser:

 La paire d'image est reproduite sur un film de format 26x36cm, qui constitue un compromis entre les nécéssités techniques, psychophysiques et économiques.(réduction de l'image de 2/3)
 La reproduction d'une seule image permet la reprographie à l'échelle originale des formats 18x24 et 24x30cm.

 - La visualisation sur console:

 Elle peut s'effectuer sur une console haute résolution (1024 lignes).
 Les modèles récents permettent le post-traitement interactif.
 La connexion pour transfert d'images est possible (archivage sur DON, communication numérique...)


 
 
 
 

12- Artéfacts

 Ils peuvent être :     propres à l'ERLM
                                liés au système de lecture laser et au reprographe laser
                                liés au traitement de l'image (filtrage spatial)

 La probabilité de survenue de ces artéfacts est bien moindre avec les système récents.

   12-1- ERLM

La survenue d'artéfacts est due à un mauvais entretien, ou à des manipulations inadéquates.

 - Poussières et rayures:
  formant des points ou des lignes blanches
  augmentant avec le filtrage spatial
  pouvant simuler des microcalcifications.

 - Craquelures ou zones inhomogènes:
  dues aux contraintes mécaniques subies par les écrans, ou dues à de mauvaises manipulations.

Les artéfacts peuvent être spécifiques, en relation avec la grande sensibilité et la grande latitude d'exposition
 - Images bruitées (stockage prolongé, radiations issues de sources externes...)
 - Images fantômes, liées ou non à un mauvais effacement de la plaque.
 - Images bruitées, si fortement sous exposée
 - Artéfacts dus au rayonnement rétrodiffusé sur des structures métalliques avoisinantes (RP au lit). Ceux ci sont plus fréquents dans le cas de patients obèses (haut       kilovoltage), et si le rayonnement est insuffisament collimaté (le  diffusé fausse la lecture)
        Cet artéfact se remarque à un noircissement supérieur à la périphérie de l'image, pouvant  simuler une pathologie (PNO chez un patient en décubitus dorsal.)
 

   12-2- Lecture et impression laser

 Les artéfacts sont dus le plus souvent à un dysfonctionnement du matériel. Ils se concrétisent par des bandes de modulation dans l'image, liées à un défaut de synchronisation entre la vitesse de balayage, et la vitesse de défilement de la plaque.
 On observe un effet de "moiré", lié à l'interférence entre les fréquences spatiales de l'image, et la fréquence du balayage de lecture, ou alors, ce sont des artéfacts liés au système de prélecture ou de calibration.
 

 La pré-lecture constitue un histogramme de répartition:

  - en mode automatique:
   Une matrice grossière est utilisée (256*256)
   Les artéfacts surviennent  si une mauvaise collimation est appliquée
       si le centrage de l'image est incorrect
       si la détection des bords est mauvaise
  - en mode semi-automatique:
   Le pré-scan est uniquement effectué sur le centre de l'image.

  - en mode "fixé":
   Il n'y a pas de pré-lecture,les paramètres sont choisis arbitrairement, ce qui permet de s'affranchir des problèmes liés à la présence de matériaux métalliques.

 Un effet de dédoublement des interfaces peut survenir, il est généré par un désalignement du faisceau laser du reprographe.
 

   12-3-Filtrage spatial

 Lorsque le filtrage spatial est trop poussé, des bandes noires ou blanches peuvent être visibles à la frontière de structures fortement contrastées entre elles, pouvant simuler une pathologie (PNO, calcifications...) ou pouvant masquer une lésion touchant les interfaces.
 

   12-4-Double exposition

 Au contraire de la radiologie conventionnelle, une double exposition donne une densité optique analogue à celle d'une simple exposition.
 Si une exposition est inférieure à l'autre, il se présente des images trompeuses (doubles bords...).


 
 
 

13- Conclusion

Avantages des ERLM

 - Réduction de la dose d'exposition
 - Diminution notable du nombre d'examens répétés (mauvaise exposition)
 - Possibilité de réseau d'imagerie
 - Grande dynamique (40dB) et linéarité parfaite de la réponse
 - Autocalibrage de la sensibilité permettant une exploitation optimale de la totalité des infrormations.
 - Post-traitement sur console
 - Systèmes compatibles avec le matériel de radio conventionnel, évitant une complète refonte de    l'organisation du service.
 

Contraintes ou inconvéniants

 - Lenteur de lecture
 - Résolution spatiale et rapport signal/bruit inférieurs au film conventionnel
 - Pas d'imagerie en temps réel
 - La sensibilité diagnostique est parfois inférieure à celle de la radiologie conventionnelle (filtrage   spatial excessif ou inadapté)
 - Artéfacts liés au hardware et au software (moins fréquents avec les systèmes récents)
 - Diminution excessive de l'exposition (autocalibrage) ce qui augmente le bruit.
 

 Les ERLM permettent à toute installation radiologique, d'obtenir une image numérique dont la destinée va du post-traitement à la communication via un réseau.
 Ils sont complémentaires des systèmes à base d'amplificateurs de luminance, qui jouent la carte de l'imagerie dynamique.


 

14- Contrôles de qualité des E.R.L.M.

 Tous les composants de la chaîne d’acquisition ou de lecture peuvent subir des dérives:

- Les cassettes:
Vérifier l’état général de la cassette (charnières, systèmes de fermeture) et sa propreté (plâtre, baryte etc...)

- L’écran:
L’usure des écrans est uniquement mécanique (système de lecture)
Vérifier visuellement l’état de propreté des écrans (poussière ...)
Réaliser une exposition homogène (40 kV et quelques mAs) tous les 6 mois pour apprécier l’homogénéité de l’exposition (rayures, corps étrangers...)
Les écrans ont une durée de vie de 5000 à 10000 utilisations. Leur usure entraîne une augmentation du bruit de l’image (usure de la couche protectrice, puis de la couche active)
Le nettoyage doit s’effectuer à l’aide d’une solution la plus anhydre possible (l’idéal étant l’emploi d’alcool pur)

- Le faisceau LASER:
Puissance 20 mW  (CD: 5 mW ; graveur: 10 mW)
L’intensité du faisceau est mesurée automatiquement. Une baisse de rendement entraîne le pilotage d’un filtre polarisant (laisse passer plus ou moins de lumière) afin de compenser la baisse d’intensité.

- Mouvements mécaniques (miroir oscillant):
L’usure mécanique entraîne une diminution de l’amplitude de balayage du miroir.
Celle-ci se manifeste d’abord sur les bords de l’image. Des capteurs situés de chaque côté de l’écran vérifient que le faisceau laser dépasse de chaque côté de l’écran (mise en sécurité dans le cas contraire)

- Fibres optiques:
La lumière émise est collectée par une barrette de fibres optiques. Chaque fibre peut posséder un indice de réfraction différent, et les fibres périphériques présentent un trajet plus long.
Ceci se traduit par la signature du guide lumière.

 La calibration annule la signature


 

 La calibration doit impérativement s’effectuer avec une cassette neuve. La présence de poussière ou de rayures sur la cassette entraîne la formation de lignes noires sur l’image, car le système tient compte de la baisse de luminosité sous la rayure, et compense en amplifiant la (les) fibre (s) concernée (s).

   Les fibres concernées sont plus amplifiées lors de la calibration. Lors des lectures ultérieures, elles donneront une réponse supérieure inadaptée entraînant la formation d'une ligne noire.
 

- Le tube photomultiplicateur:
 C’est l’élément qui présente le vieillissement le plus rapide (durée de vie moyenne: 2 ans)
 Le vieillissement du tube entraîne une baisse du signal, devant être compensée par une augmentation de la dose d’exposition sous peine de voir le niveau de bruit augmenter dans l’image.

 On mesure le niveau moyen de balayage (SAL = Scan Average Level).

 Cela consiste à vérifier le courant issu du photomultiplicateur en exposant un écran 36 x 43 cm d’indice de rapidité 200 (toujours le même) avec une dose connue de rayonnement (dosimètre calibré annuellement). La dose d’exposition est de 20 micro-grays.
 Le faisceau de rayons X est filtré à l’aide d’une plaque de cuivre de 1,5 mm d’épaisseur (atténue le polychromatisme du faisceau)
 L’effet de talon de l’anode est annulé en réalisant une première exposition de 10 mGy (environ 75 kV et 5 mas), puis la cassette est retournée et l’on réalise une deuxième exposition de 10 mGy.
 Après la lecture de l’écran, on détermine une région d’intérêt sur la totalité de l’image , et on mesure la densité moyenne.
 Le niveau de gris moyen doit être de 1800 +- 10%

 Si le niveau de gris moyen est inférieur à 1800 - 10% (1620), le tube photomultiplicateur présente une défaillance.
 Le niveau n’est , en principe, jamais supérieur à 1800 + 10% (1980) sauf modification technique de l’appareillage ou mauvaise calibration (dose insuffisante)

 Cette mesure doit être réalisée chaque trimestre.
 

- Vérification du système optique (résolution spatiale):

 Exposer une mire de résolution spatiale entre 2 à 3 cm de plexiglas (se rapproche des conditions d’exposition habituelles)
 Positionner la mire à 45° par rapport à l’axe du tube (éviter le parallélisme entre la mire et le sens de balayage du moniteur)
 Utiliser toujours la même dose et le même kilovoltage.
 Evaluer les dérives de résolution spatiale.

- Contrôle du reprographe:
 A effectuer à chaque changement d’émulsion des films.
 Effectuer un film test (calibration) et vérifier au minimum la densité maximale qui doit être supérieure à 3.

Références:  Dominique FALCOF
                   Société AGFA


 
 
 
 

14- Références
 

 (1): M.COULOMB & Col.  :  La radiographie numérique.
   Feuillets de radiologie.1992 , 32 , N°2 , 138-146.

 (2): M.COULOMB & Col.  :  La radiographie numérique du thorax chez l'adulte
   Feuillets de radiologie.1994 , 34 , N°2 , 91-114.

 (3): P.CROISILLE & Col.  :  Les écrans radioluminescents à mémoire.
   Rev.Im.Med.  1992, 4 : 673-681.

 (4): J.FRIJA & Col.  :  Les écrans phospholuminescents.
   Annales de radiologie.1994 , 37 , N°3 : 157-168.

 (5): J.FRIJA :  Les plaques à mémoire.
   Rev.Im.Med.  1993 , 5 : 739-742.

 (6): O.PEYRET, M.CUZIN  :  Radiographie numérique conventionnelle: Le point sur la technologie des détecteurs.
   Rev.Im.Med.  1992, 4 : 665-671.

 (7): Documentation FUJI: Le système FCR.