LE THORAVISION
Le CEDIT a été
saisi par le Professeur Legmann (service de radiologie A de l'hôpital
Cochin) afin d'évaluer un changeur pulmonaire numérique,
le système Thoravision.
INTRODUCTION
Le système
Thoravision permet de réaliser des radiographies thoraciques numérisées,
avec un haut débit et de façon automatique, sans manipulation
de cassette.
Il n'est utilisable
que pour les patients valides, ce qui exclut notamment les radiographies
au lit dans les unités de réanimation. Il s'adresse aux centres
de soins de grande capacité et à certains centres de médecine
préventive.
Contrairement
aux systèmes conventionnels qui ne fournissent que le cliché
sur film, le Thoravision recueille des données numériques
de l'image thoracique. Celles-ci peuvent être utilisées de
plusieurs manières et ouvrent en théorie de nombreuses possibilités
(traitement informatique de l'image, transmission d'images à distance
par l'intermédiaire d'un réseau, possibilités d'archivage,
de stockage et de gestion informatique des données, interprétation
sur console avec dans l'avenir possibilité d'aide au diagnostic).
ASPECTS
TECHNIQUES
Le caractère
innovant du Thoravision est son détecteur : le tambour au sélénium.
Le sélénium est connu pour son excellente sensibilité
aux rayons X sur une large échelle de doses et de fréquences
spatiales et a été utilisé en xérographie.
Le système
Thoravisison est commercialisé par Philips Medical Systems depuis
mars 1993. Actuellement 50 appareils ont été vendus dans
le monde dont 7 en France. Le plus ancien est au CHU d'Angers, avec un
recul de 2 ans et demi.
Le Thoravisison
offre une matrice numérique de 2166 x 2448 x 8 bits, ce qui équivaut
à un pixel de 0,2 mm sur une image grandeur nature et à une
résolution spatiale de 2,7 pl./mm, avec 256 niveaux de gris.
Les systèmes
concurrents sont les changeurs pulmonaires conventionnels et les autres
systèmes numériques :
- le chef de
file des changeurs pulmonaires conventionnels est le Thoramat de Siemens,
utilisé dans plusieurs centres de l'AP-HP où il est apprécié.
Le Thoramat peut être utilisé avec des films spéciaux
dédiés au thorax dont le plus ancien est le film Insight
de Kodak.
- les autres
systèmes numériques sont commercialisés par Fuji et
utilisent les écrans radio luminescents à mémoire.
ASPECTS
MEDICAUX
Bien que la
résolution spatiale des radiographies numériques soit plus
faible que celle des radiographies conventionnelles (de 5 à 10 pl/mm),
le Thoravision permet en théorie une qualité d'image au moins
équivalente, si ce n'est meilleure au niveau du médiastin
grâce à une meilleure résolution en contraste, avec
des doses d'irradiation annoncées moindres. Les études publiées
retrouvent en effet une légère préférence qualitative
pour le Thoravision mais avec d'importantes discordances inter-observateurs
rendent les conclusions difficiles. De plus ces études ne comparent
pas le Thoravision avec le gold-standard de la radiographie thoracique
conventionnelle, c'est à dire avec des films spéciaux dédiés
au thorax.
Par rapport
au Thoravision, le le plus récent des systèmes Fuji offre
en théorie une meilleure résolution spatiale que le Thoravision,
mais ne permet pas d'économie dosimétrique. Aucune étude
comparant les deux systèmes n'a été publiée.
Au CHU d'Angers,
l'équipe radiologique est très satisfaite du Thoravision
: excellente reproductibilité et maniabilité, qualité
des images au moins comparable à la radiographie conventionnelle,
pannes très rares.
Les experts
consultés pensent que malgré le peu d'études publiées,
les différences entre les diverses technologies disponibles sont
très vraisemblablement minimes, et que leur évaluation est
difficile et d'un intérêt clinique tres limite.
L'intérêt
du Thoravision réside essentiellement dans les possibilités
qu'offre la numérisation et doit s'intégrer dans une politique
de réseau d'images inter ou intra-hospitalier. Dans cette optique,
il faut signaler que, bien que la compatibilité DICOM ait été
annoncée par les deux constructeurs, la firme Philips parait plus
ouverte que la firme Fuji. En effet, le système Fuji n'est compatible
qu'avec des reprographes et des films Fuji, alors que le Thoravision est
compatible avec tous les reprographes laser du marché.
ASPECTS
FINANCIERS ET ECONOMIQUES
La comparaison
des prix d'achat des différents systèmes doit prendre en
compte l'ensemble de la chaine d'image, du générateur jusqu'au
reprographe : les changeurs pulmonaires numériques coûtent
alors à l'achat environ le double d'un changeur pulmonaire conventionnel.
Du point de
vue économique et organisationnel, l'intérêt de la
radiologie numérique réside dans la suppression des films
radiologiques (et des problèmes d'archivage connexes), et dans la
rapidité de transmission de l'image, mais l'économie liée
à la disparition des films ne peut être prise en compte en
l'absence d'un réseau d'images intra-hospitalier. Les études
économiques portent le plus souvent sur la rentabilité
des réseaux mais leurs conclusions sont discordantes.
DEMANDE
DE L'HOPITAL COCHIN
Le Pr Legmann
désire réaliser une évaluation médicale, dosimétrique
et économique du Thoravision. La demande porte sur une aide méthodologique
et le financement de l'évaluation.
RECOMMANDATIONS
Le CEDIT ne
recommande pas actuellement la diffusion du Thoravision à l'AP-HP,
et ne recommande pas la mise en place d'une évaluation de la technologie.
Cette prise de position pourrait être réexaminée dans
le cadre de la mise en place de réseaux d'images à l'AP-HP.
|